Mujeres del agua : reconnaissance des femmes hautes andines dans la gestion des ressources naturelles

Pérou

Mujeres del agua : reconnaissance des femmes hautes-andines dans la gestion des ressources naturelles

Le projet en bref

Objectif visé : Les femmes rurales hautes-andines sont reconnues pour leur rôle actif dans la gestion des ressources naturelles ayant un impact sur la qualité de l’eau.
ODD concernés : Egalité entre les sexes (ODD5), Eau propre et assainissement (ODD6), Travail décent et croissance économique (ODD8), Inégalités réduites (ODD10). Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques (ODD 13), Vie terrestre (ODD 15).

Région d’intervention : Pérou, Région d’Arequipa, Réserve nationale de Salinas et Aguada Blanca

Population concernée :

Bénéficiaires directs : 150 familles (soit 600 personnes), 30 femmes leaders, 90 entrepreneures, 40 autorités municipales de la RNSAB, 15 membres des instances de la RNSAB, 224 élèves de la RNSAB et 1’165 élèves d’Arequipa, 90 adolescent.e.s, 30 enseignant.e.s de la RNSAB et 7 organisations sociales de base (210 personnes). Au total : 2'494 personnes.

Bénéficiaires indirects : La population de la RNSAB, qui, selon l’INEI (Recensements nationaux en 2017 de la population, des logements et des communautés autochtones) compte au total 10‘074 personnes, dont 5’181 hommes (51 %) et 4’893 femmes (49 %). La population d’Arequipa (1,008 million d’habitant.e.s en 2017) ciblée par les actions de sensibilisation à la culture de l’eau et de promotion des Mécanismes de Rétribution des Services Eco-systémiques est également considérée comme bénéficiaire indirecte.

Durée du projet : 3 ans
Coût du projet : CHF 409’385

Les communautés rurales hautes-andines gardiennes de l’eau

Le territoire dans lequel intervient le projet est la Réserve Nationale de Salinas et Aguada Blanca (RNSAB), située dans les provinces d’Arequipa et de Caylloma, dans la région d’Arequipa. D’une superficie de 366 936 hectares, la réserve est destinée à la conservation de la diversité biologique et à l’utilisation durable des ressources de la faune et de la flore sauvages, aquatiques et terrestres.

La RNSAB fait partie du Géoparc mondial Valle del Colca et Andagua, reconnu patrimoine mondial de l’humanité par l'UNESCO en 2019. La RNSAB est la principale réserve d’eau de la ville d’Arequipa et de ses environs, que ce soit pour la consommation domestique, l’utilisation agricole, industrielle ou pour l’exploitation minière. En outre, l’eau de la réserve est une importante source de production d’électricité pour le sud du pays.

Malgré la grande valeur environnementale, culturelle et stratégique de la RNSAB pour la ville d’Arequipa, l’État ne reconnaît pas la contribution de la population rurale habitant la réserve dans la conservation de l’écosystème. Les communautés rurales hautes-andines sont pourtant les gardiennes de la quantité et la qualité de l’eau de la réserve. Toutefois, elles vivent dans des conditions très précaires et, dans une large mesure, en situation d’exclusion sociale. Seulement 8% des familles rurales bénéficient du service d’eau et d’assainissement. Il n’y a pas de représentants des habitants au Conseil du bassin hydrographique, principal organe de participation citoyenne.

Le niveau scolaire des enfants et des adolescents est élémentaire. Les écoles reproduisent les programmes d’enseignements appliqués dans la capitale et ne tirent pas parti du contexte de la communauté rurale, ni de la richesse en ressources naturelles de la région pour les insérer dans l’apprentissage, encore moins pour ouvrir de nouveaux horizons ou des projets de vie pour les enfants et adolescents. Les savoirs culturels et les valeurs des peuples autochtones sont aussi écartés des programmes scolaires.
De manière générale, la société péruvienne reste très marquée par des idéologies patriarcales, des préjugées et des stéréotypes qui perpétuent les inégalités et les violences à l’égard des femmes. Dans la région de Arequipa, notamment, dans les communautés rurales haut-andines de la RNSAB, les femmes sont dévalorisées. En effet, leurs contributions à la production agricole, artisanale, à la gestion environnementale, et à la conservation de la réserve ne sont pas reconnues.

Les institutions publiques de la région ne soutiennent pas les activités des groupes organisés des femmes de la RNSAB. Elles ne sont pas considérées comme étant des prestataires de services éco-systémiques contribuant à la gestion de la qualité de l’eau de la réserve. Les femmes habitant dans cette zone souffrent de discrimination, notamment en raison de leur genre, de leur appartenance à des communautés indigènes (parlant la langue Quechua et habillées en costumes traditionnels), de leur faible niveau de scolarisation (voire analphabétisme), et enfin de leur niveau économique.

Elles souffrent de maltraitances et des violences physiques, psychologiques et sexuelles qui sont acceptées et banalisées socialement et culturellement. Dans les années 1990, les femmes rurales et indigènes ont notamment été victimes de stérilisations forcées. Dans le domaine public, les femmes ont un comportement passif, de subordination voire de soumission face aux hommes. Elles ne participent pas à la prise des décisions et n’interviennent que dans des espaces exclusivement féminins.

Comme la grande majorité des femmes indigènes et paysannes, les habitantes de la réserve se sentent davantage victimes de pratiques discriminatoires par rapport aux femmes habitant en ville car elles sont davantage touchées par la pauvreté, le manque d’opportunités et par l’absence de reconnaissance.

Ces situations entraînent des conséquences sur leur santé psychique et limitent le développement de leurs capacités, accentuant la faible estime qu’elles ont d’elles-mêmes, la dépendance, tout en perpétuant l’inégalité des genres. Grâce aux projets menés dans le passé avec notre partenaire Descosur, les femmes hautes-andines ont été reconnues pour leurs compétences dans la gestion des exploitations agricoles, l’élevage de camélidés et la transformation de la fibre de laine. L’ensemble de la communauté de la réserve a pris conscience de la capacité des femmes à accomplir des activités économiques et à apprendre de nouvelles techniques.

Le défi actuel est de renforcer les capacités d’autonomie et l’empowerment des femmes, et de promouvoir auprès de leurs communautés et des institutions publiques la reconnaissance de celles-ci en tant qu’actrices essentielles de la protection et de la gestion de l’environnement et de l’eau de la RNSAB.
Le projet a pour objectif principal de contribuer à la reconnaissance du rôle des femmes hautes-andines habitant dans la RNSAB dans la gestion durable des ressources naturelles, notamment de l’eau, tant auprès de la communauté qu’auprès des institutions publiques.

Le projet vise également à promouvoir auprès de la communauté une éducation environnementale et interculturelle axée sur une « culture de l’eau » qui reconnaisse le rôle des populations hautes-andines et le rôle des femmes, et qui favorise la prise de conscience et de responsabilité des consommateurs urbains.

Enfin, le projet permettra le renforcement des capacités d’autonomie et d’empowerment des femmes pour qu’elles s’identifient comme des actrices fondamentales de la protection et de la conservation de l’eau de la réserve RNSAB, en augmentant leur participation aux agendas politiques.
  • Augmenter la participation citoyenne et l’incidence politique des femmes rurales hautes-andines de la RNSAB.
  • Impulser un agenda politique pour la reconnaissance du rôle des femmes dans la gestion et la conservation des ressources naturelles de la RNSAB.
  • Former et sensibiliser la communauté, notamment les jeunes générations, à une «culture de l’eau» et au rôle des femmes hautes-andines dans ce domaine.
  • Sensibiliser et responsabiliser les consommateurs urbains de la ville d’Arequipa.
  • Participer aux diverses plateformes institutionnelles de la région d’Arequipa afin que les femmes puissent bénéficier des Mécanismes de Rétribution des Services Eco-systémiques (MERESE).

Notre partenaire local : Descosur - Pérou

Le Centre d’études et de promotion du développement du Sud - DESCOSUR - est une ONG basée au Pérou et partenaire d’emp’ACT depuis 2008. L’association appartient à l’Organisation DESCO, qui intervient tout au long du territoire péruvien. Actuellement Descosur mène des actions dans les régions d’Arequipa, Ayacucho, Puno et Moquegua (13 provinces et 53 districts) afin de renforcer les capacités économiques des secteurs défavorisés.

DESCOSUR dispose d’une riche expérience auprès des populations paysannes des hauts plateaux andins dans les domaines de la gestion des ressources naturelles et de la promotion d’activités productives. En alliance avec des acteurs sociaux locaux, DESCOSUR propose des modèles alternatifs de développement territorial, de bonne gouvernance, et de gestion durable des ressources. Ces actions visent l’éradication des inégalités socioéconomiques et de genre, ainsi que la réduction des effets du changement climatique. .

Depuis 2007, DESCOSUR collabore avec l’administration de la « Réserve nationale Salinas y Aguada Blanca » (RNSAB) dans la gestion environnementale de cette zone protégée. DESCOSUR considère les habitants de la réserve comme de véritables agents de la gestion environnementale et s’engage afin de leur donner des compétences et du pouvoir d’agir pour qu’ils puissent exercer ce rôle dans de bonnes conditions. Dans une région très sensible aux changements climatiques, les activités de production traditionnelles doivent s’adapter. DESCOSUR profite de cette situation pour changer également le rôle de la femme dans une société patriarcale qui l’a reléguée à des tâches secondaires et non valorisées..

Les axes d’action de DESCOSUR sont la gestion durable des ressources naturelles et la formation environnementale, la production agricole durable, le développement institutionnel local, la participation citoyenne, la recherche appliquée, et l’incidence dans les politiques publiques.

www.descosur.org.pe

ODD concernés